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Nos poésies

Les lunettes
Julian Tuwin
L'école
Jacques Charpentreau
Conseil donnés par une sorcière
Jean Tardieu
Où va l'eau ?
Jean-Hugues Malineau
Le loup et l'agneau
Jean de la Fontaine
Le renard et la cigogne
Jean de la Fontaine

 

L'école

Dans notre ville, il y a
Des tours, des maisons par milliers,
Du béton, des blocs, des quartiers,
Et mon coeur, mon coeur qui bat

Tout bas.
Dans mon quartier, il y a
Des boulevards, des avenues,
Des places, des ronds-points, des rues,
Et puis mon coeur, mon coeur qui bat

Tout bas.
Dans notre rue, il y a
Des autos, des gens qui s'affolent
Un grand magasin, une école,
Et puis mon coeur, mon coeur qui bat

Tout bas.
Dans cette école, il y a
Des oiseaux chantant le jour.
Mon coeur, mon coeur, mon coeur qui bat
Est là.

 

Jacques Charpentreau

Les lunettes

Il court, il court, maître Louis :
"Mes lunettes ont disparu !"

Il fouille tout -son pantalon,
Ses chaussures et son veston.
Il met tout sens dessus dessous
Dans son armoire, il devient fou !

"Mais on a dû me les voler,
Elles n'ont pas pu s'envoler !"
Il regarde sous le piano
Et puis sous les doubles rideaux.
Il soulève le canapé,
Tousse et glousse, tout essoufflé.
De rage il va pour arracher
La moquette de son plancher
Ou pour appeler la police
Lorsque tout à coup, son oeil glisse
Sur un miroir - ce n'est pas vrai,
Il regarde encore - ça y est ,
Les lunettes sont retrouvées !
Il les avait sur son nez.

 

Julian Tuwin

Le renard et la cigogne

Compère le renard se mit un jour en frais,
Et retint à dîner commère la cigogne,
Le régal fut petit et sans baucoup d'apprêts
Le galant pour toute besogne,
Avait un brouet clair (il vivait chichement)
Ce brouet fut par lui servi sur une assiette :
La cigogne au long bec n'en put attraper miette ;
Et le drôle eut lapé le tout en un moment
Pour se venger de cette tromperie
A quelques temps de là, la cigogne le prie
"Volontiers, lui dit-il, car avec mes amis
Je ne fais point cérémonie."
A l'heure dite, il courut au logis
De la cigogne son hôtesse
Loua très fort sa politesse
Trouva le dîner cuit à point
Bon appétit surtout ; renard n'en manquent point.
Il se réjouissait à l'odeur de la viande
Mise en menus morceaux et qu'il croyait friande.
On servit, pour l'embarrasser,
En un vase à long col et d'étroit embouchure :
Le bec de la cigogne y pouvait bien passer ;
Mais le museau du sire était d'autre mesure
Il lui fallut à jeun retourner au logis,
Honteux comme un renard qu'une poule aurait pris,
Serrant la queue et portant bas l'oreille.

Trompeur, c'est pour vous que j'écris :
Attendez-vous à la pareille.

Jean de La Fontaine

Le loup et l'agneau

La raison du plus fort est toujours la meilleure :
Nous l'allons montrer tout à l'heure.

Un agneau se désaltérait
Dans le courant d'une onde pure.
Un loup survint à jeun, qui cherchait aventure,
Et que sa faim en ces lieux attirait.
"Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?
Dit cet animal, plein de rage :
Tu seras chatié de ta témérité.
_ Sire, répond l'agneau, que votre Majesté
Ne se mette pas en colère
Mais plutôtt qu'elle considère
Que je me vas désaltérant
Dans le courant
Plus de vingt pas au-dessous d'Elle,
Et que par conséquent, en aucun façon,
Je ne puis troubler sa froisson.
_Tu la troubles, reprit cette bête cruelle,
Et je sais que de moi tu médis l'an passé.
_Comment l'aurais-je fais si je n'étais pas né ?
Reprit l'agneau, je tette encore ma mère.
_Si ce n'est toi, c'est donc ton frère.
_Je n'en ai point.
_C'est donc quelqu'un des tiens ;
Car vous ne m'épargnez guère,
Vous, vos bergers et vos chiens.
On me l'a dit : il faut que je me venge."
Là-dessus au fond des forêts
Le loup l'emporte, et puis le mange,
Sans autre forme de procès.

Jean de La Fontaine

Où va l'eau ?

Où va l'eau
qui murmure, qui chuchote
qui rit ou qui se tait
où va l'eau
j'aimerai m'aventurer

Dans le ventre de la terre
dans les bras des collines
ou les yeux du ciel bleu.

Sur les crêtes des vagues
un cil d'enfant qui pleure
ou dans le calice d'un liseron.

Où va l'eau
averse, rivière, rosée...
j'aimerais vivre
le bonheur du chemin.

Jean-Hugues Malineau

Conseils donnés par une sorcière

Retenez-vous de rire
dans le petit matin !

N'écoutez pas les arbres
qui gardent les chemins !

ne dites votre nom
à la terre endormie
qu'après minuit sonné !

A la neige, à la pluie
ne tendez pas la main !

N'ouvrez votre fenêtre
qu'aux petites planètes
que vous connaissez bien !

Confidence pour confidence :
vous qui venez me consultez,
méfiance, méfiance !
On ne sait pas ce qui peut arriver.

Jean Tardieu